Pour commencer, on peut qualifier les bénéfices économiques de la culture du soja comme inégalement répartis puisque une grande partie de la population brésilienne ne connaît que misère, famine et violence.
» Les avantages de la culture du soja
» Sur place, les gros producteurs sont avantagés par une grande disponibilité en matières premières, et par la présence d'usines de trituration et de transformation du soja (tourteaux de soja...) à proximité. Ils echappent ainsi à de lourdes pertes financières en évitant les importations et en conditionnant le produit à l'étranger.
» En Amazonie, les terres "libres" sont nombreuses( le Brésil possède la plus grande surface de terre cultivable au monde ). C'est le facteur fondamental de l'avancée du front du soja ( plus de surface cultivée signifie plus de rendements ) ainsi que les prix bas de la terre .
» Le développement des infrastructures (routes, chemins de fer, voies navigables...) permet le transport du produit vers les ports et facilite ainsi l'exportation.
» La forte demande internationale pour cette légumineuse permet au pays de devenir un acteur important dans le commerce mondial et permet de nombreux avantages :
- des prix internationaux relativement soutenus
- un apport de capitaux étrangers prêts à s'investir dans les activités industrielles et de négoce brésiliennes
- le pays est devenu un acteur majeur dans les négociations internationales dans le cadre de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), notamment sur les questions agricoles.
» Les politiques publiques, de manière générale, ont permis le développement du soja au Brésil et ceci par de nombreuses mesures:
- la politique de soutien des prix, la politique de crédit
- le Ministre de l'agriculture encourage le défrichement et la destruction de la forêt amazonienne pour planter du soja.
» Les exportateurs :
Ils regroupent les plus gros exploitants capables de faire face à une concurrence mondiale sans limites ( les multinationales implantées au Brésil, notamment ), où règne ce que l'on appelle "l'agro-négoce" ou "l'agrobusiness". Ils sont les négociants et industriels qui assurent les débouchés de la production.Travaillant l'amélioration variétale et l'adaptation des variétés de soja aux conditions agro-écologiques diverses du pays, encouragées par la demande de diversification de l'approvisionnement des pays importateurs; ils mettent au point de nouvelles pratiques agricoles, ce qui permet une augmentation sensible des rendements du soja et un rattrapage vis-à-vis des Etats-Unis,1er mondialement, avec une production de 66 millions de tonnes de graines soja en 2003; placé juste devant le Brésil avec 52 millions de tonnes de graines de soja produitent (en 2003).
» l'Etat (brésilien) :
Nous pouvons appeler l'expansion de la culture du soja : "le boom" du soja (les principales régions concernées sont : le Mato Grosso et les Etats du Nord du Brésil).
La plante rapporte gros à l'Etat sur le marché international et lui permet, ainsi, de payer ses dettes extérieures (mais qu'en est-il des dettes intérieures ?). L'Etat a démontré ses capacités à rassembler, sur ses positions, un nombre suffisant de pays pour faire échouer les compromis élaborés par les acteurs habituels (Etats-Unis, Union européenne) qui, désormais, dépendent du Brésil et ses terres.
Pourtant, en même temps qu'apparaissent ces succès à l'exportation, plus de 40 millions de brésiliens ne mangent pas à leur faim.
En effet les fonds publics sont inégalement redistribués : seuls 25% sont octroyés à des exploitations familiales.
Les principales "victimes du soja" sont les peuples indigènes, mais les populations, à la base rurales devenues urbaines, subissent aussi certains méfaits de cette exploitation.
» L'esclavagisme
Malgré le peu de main d'oeuvre que crée l'exploitation du soja ( une ferme industrielle de soja de 1000 hectares est exploitée par seulement 3 travailleurs , les seuls travailleurs restants sont exploités. 723 cas d'esclavagisme ont été dénoncés en 2002 dans des exploitations agricoles, dans l'état du Mato Grosso alors que l'esclavage a été officiellement aboli en 1888.
Les grands groupes internationaux pratiquent un esclavage moderne : le travailleurs, après avoir cru à de nombreuses promesses, deviennent dépendants de leur embaucheur. En effet, malgré ces traitements inhumains, ils ne peuvent ni fuir ni démissionner : les exploitations sont isolées de tout village et les travailleurs sont souvent soumis à la menace des armes.
Par exemple, les Guaranis (peuple indigène du Mato Grosso) ont été chassés de leurs terres par de grands propriétaires fonciers, depuis, ils sont utilisés comme main d'oeuvre et réduits à l'esclavage.
» Les problèmes sanitaires et nutritifs
Dans les grandes exploitations, herbicides et pesticides sont pulvérisés par avion sans aucune précautions. Ainsi, de nombreux cas d'intoxications (énormément de rivières dont les paysans dépendent pour vivre, sont contaminées par ces produits. Le problème est que seuls des tests scientifiques peuvent le savoir; les peuples, eux, l'ignorent et continuent à la consommer,) de brûlures de la peau ou des yeux ou même de maladies pulmonaires ont été recensés (en 1999, le Ministère de la santé a enregistré 430 morts et 1066 cas d'intoxictaion due à l'utilisation abusive de pesticides dans cette culture, désormais les chiffres approchent les 300 000 intoxications par an).
Quelques pourcentages concrets :
- la mortalité infantile chez les indigènes du Mato Grosso est de 60.5 pour mille naissances soit environ 7 pour cent naissances alors que la mortalité infantile chez les non-indigènes au Brésil est 24.3 pour mille naissances soit environ 2 pour cent naissances.
- 12 % des enfants indigènes sont sous-alimentés (15 % des enfants indigènes sont en dessous du poids normal) alors que c'est seulement 5.7% chez les non-indigènes.
D'après les grands propriétaires, cela peut être interprété comme une technique d'intimidation pour les populations encore résistantes à leur mainmise.
» Les conflits territoriaux
L'année 2003 (première année du gouvernement de Lula) est marquée par un reccord en occupations et victimes autour des conflits agraires...
Pour les multinationales, tout est bon pour gagner de nouvelles terres iccompris la brutalité.Occupations illégales, intimidations et menaces, assassinats de dirigeants syndicaux...les terres cultivables sont vues comme un véritable "butin de guerre".
De plus la zone de culture du soja ( le front ) empiète de plus en plus vers des zones de protection environnementales ou des réserves indiennes.
Ainsi les peuples indigènes sont expulsés brutalement de leur terre et ceci en toute illégalité. Car en effet, la Constitution brésilienne prévoit la protection de la propriété indigène. Mais le Ministre de l'agriculture encourageant la culture du soja, certaines illégalités sont ignorées et la corruption permet l'attribution de terres déjà possédées par de petits paysans ou par des peuples autochtones.
Désormais, poussés à bout, certains indigènes se révoltent ou même pire se suicident.Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés.
Pour résumer :